Dans « La révolution d’un seul brin de paille », Masanobu Fukuoka raconte et théorise son expérience en agriculture naturelle. Sa pratique inspire en grande partie la permaculture de Bill Mollison et David Holmgren, malgré des différences philosophiques notables, l’agriculture naturelle étant basée sur le non-agir et le refus du savoir scientifique et rationnel.
Biographie de Masanobu Fukuoka
Microbiologiste de formation, il s’est spécialisé en phytopathologie, avant de commencer à douter des progrès apportés par l’agriculture scientifique. Il abandonne alors son poste de chercheur et part cultiver sa ferme familiale sur l’île de Shikoku. Dès lors, il consacre sa vie à développer une agriculture plus conforme à ses convictions, qu’il qualifiera d’agriculture naturelle. Ses recherches, inspirées de ses racines culturelles zen, taoïste, shinto, bouddhisme, vont dans le sens d’une unification spirituelle entre l’Homme et la Nature. A partir des années 1980, ses travaux rencontrent progressivement une reconnaissance mondiale, et il multiplie les conférences et rencontres internationales. Sa ferme devient un lieu d’échange sur ses pratiques pour des experts et curieux venus du monde entier.
L’agriculture du non agir de Masanobu Fukuoka
Quand nous changeons la manière de faire pousser notre nourriture, nous changeons notre nourriture, nous changeons la société, nous changeons nos valeurs ! L’agriculture du non-agir telle que la propose Fukuoka n’est pas contre le travail mais contre le travail inutile. Rien ne sert de travailler plus qu’il ne faut pour obtenir plus que ce l’on désire, car ce que l’on désire doit correspondre à ce dont on a besoin. La science de M. Fukuoka est une science qui commence et finit en respect, une science en conscience que l’emprise humaine diminue tout ce qu’elle saisit.
Masanubo Fukuoka a développé une méthode d’agriculture naturelle qui ne nécessite ni machines, ni produits chimiques et très peu de désherbage. Sa méthode consiste à coopérer avec la nature et non à tenter de l’améliorer par la conquête. Il sème et cultive :
- sur un sol perpétuellement couvert
- sans l’avoir labourer
- en laissant les fruitiers pousser selon leur forme naturelle particulière
- en semant au printemps au lancer à ciel ouvert un mélange de graines de bardane, radis, chou, soja, moutarde, navet, carotte et autre…
- en coupant les mauvaises herbes du potager lorsque les pousses sont jeunes
- en laissant pousser les mauvaises herbes lorsque les légumes se sont établis
- en ne récoltant pas quelques légumes pour les laisser monter en graines et les laisser se perpétuer après une ou deux générations
- en pratiquant la rotation des cultures
- en ajoutant du compost et du fumier et faisant de l’engrais vert
Pour Fukuoka, l’agriculture sauvage procède de la santé spirituelle de l’homme. La guérison de la terre et la purification de l’esprit humain vont de paire et peut conduire à une transformation pratique et bienfaisante du monde.
Les principes de l’agriculture sauvage
- CULTURE – Ne pas cultiver, c’est à dire, ne pas labourer ou retourner la terre. Elle se cultive elle-même par la pénétration des racines des plantes et l’activité des micro-organismes et vers de terre. Des mesures douces comme répandre de la paille et semer du trèfle maintient ou fait revenir l’équilibre naturel de la nature.
- FERTILITÉ – Pas de compost préparé ou de fertilisant chimique. La fertilité de la nature dépasse tout ce que l’on peut imaginer ! Le sol entretient naturellement sa fertilité en accord avec le cycle ordonné de la vie des plantes et des animaux. En utilisant de la paille, de l’engrais vert et un peu de fumier, vous pouvez obtenir de hauts rendements sans ajouter de compost ou de fertilisant du commerce.
- HERBER – Ne pas désherber avec des herbicides. Les mauvaises herbes jouent leur rôle dans la construction de la fertilité du sol et dans l’équilibre de la communauté biologique. En désherbant « mal », l’agriculteur sème les graines de sa propre infortune ! Pailler après la moisson et couper court à la germination des mauvaises herbes aide à agir naturellement.
- CONTRÔLE DES MALADIES – Pas de produits chimiques ! L’utilisation de produits chimiques prépare les conditions par lesquelles cette peur non fondée peut devenir réalité. La nature laissée seule est en parfait équilibre avec elle-même. Les insectes nuisibles et les maladies des plantes n’atteignent jamais une importance qui nécessite l’utilisation de poisons chimiques. Rien de tel que de faire pousser des récoltes vigoureuses dans un environnement sain pour vaincre les maladies et les insectes.
Ces 4 principes de l’agriculture sauvage obéissent à l’ordre naturel et conduisent au réapprovisionnement de la richesse naturelle. Il n’y a pas de méthode plus avisée en agriculture que la voie d’une saine amélioration du sol.