Une petite définition pour y voir plus clair :
L’humus peut se définir comme l’ensemble des matières organiques décomposées présentes dans le sol, sous forme plus ou moins élaborée. En pratique, l’humus est une matière noire, grumeleuse, humide au toucher ; il se trouve essentiellement près de la surface du sol. Un sol riche en humus, ou sol humifère, est donc généralement de couleur foncée, frais, riche et meuble, tandis qu’un sol peu humifère est souvent clair, friable, rapidement sec, sensible au compactage et plutôt pauvre (il existe cependant des exceptions : on peut très bien avoir un sol clair et riche, ou brun et pauvre).
Composition et structure du sol : quelle place à l’humus ?
Composition et structure sont deux choses différentes.
Le sol est composé de 4 éléments qui sont l’humus, le sable, l’argile, et le calcaire. Tous les sols contiennent donc de l’humus, en quantités plus ou moins importantes, et selon l’élément qui prédomine, on parle de sol humifère, sableux, argileux ou calcaire.
Quant à la structure, chaque sol « naturel » (disons : non perturbé par un travail du sol trop profond) présente une structure sous forme de strates, et ceci, qu’il soit humifère, sableux, argileux ou calcaire. Chaque strate a une composition, une texture et une couleur qui lui sont propres : vu en coupe, le sol ressemble un peu à un millefeuilles. En agronomie, on parle de profil cultural ou de profil de sol, chaque strate étant appelée « horizon ». L’humus est présent dans l’horizon le plus proche de la surface. Lorsque l’on descend dans les strates, les matières organiques se font plus rares (matières organiques mêlées à des matières minérales), puis disparaissent au profit d’éléments minéraux, puis de la roche mère peu altérée. Conserver cet équilibre est primordial : si la structure est désorganisée, le sol perd de sa fertilité.
Élaboration de l’humus et sol vivant :
L’humus est issu de la dégradation des matières organiques fraîches (débris végétaux, cadavres d’animaux, déjections, exsudats racinaires…) sous l’action des micro-organismes (bactéries), des champignons et de la microfaune du sol (vers de terre, insectes, petits arthropodes, nématodes, etc.). On parle d’humification des matières organiques. Pour que cette humification ait lieu correctement, certaines conditions doivent être réunies : température et humidité suffisantes, pH proche de la neutralité, aération…
Il faut aussi, bien sûr, que le sol soit vivant : sans micro-organismes, pas d’humus ! Matière organique, humus et vie du sol sont donc étroitement liés : cette notion est fondamentale. D’une part, c’est grâce aux micro-organismes et à la faune du sol que les matières organiques fraîches sont transformées en humus. D’autre part, les matières organiques sont les aliments de ces êtres vivants. Sans matière organique, pas de vie dans le sol, et sans vie dans le sol, pas d’humus ! Le cercle est vertueux…
On comprend mieux comment l’humus s’élabore lorsque l’on a l’habitude du compostage : un tas de compost trop sec ou insuffisamment aéré ne donne pas un bon compost. Dans le sol, c’est exactement pareil : dans certaines conditions, l’humification ne se fait pas, ou mal (sol gorgé d’eau donc asphyxié, milieu très acide comme celui des tourbières, sol saturé de fumier suite à une fumure inadaptée…). Un sol très riche en matière organique n’est donc pas forcément très fertile : encore faut-il que les matières organiques fraîches puissent être décomposées correctement.
Rôles de l’humus :
L’humus est indispensable à la stabilité et à la fertilité d’un sol. Lorsque l’humus disparaît (par exemple à cause de pratiques culturales inadaptées, qui épuisent les sols sans les nourrir en retour), le sol meurt, au sens littéral du terme, et y faire pousser quelque chose n’est possible qu’à grand renfort d’engrais chimiques. Pourquoi l’humus est-il donc si important ? En quoi est-il utile aux plantes ?
* Nutrition des plantes :
D’abord, l’humus permet de nourrir les plantes en leur apportant les nutriments dont elles ont besoin, au moment où elles en ont besoin. Dans l’humus, les minéraux nécessaires aux plantes ne sont pas immédiatement disponibles. En effet, l’humus n’est pas une substance inerte, mais en perpétuelle évolution, dans laquelle les processus de formation et de dégradation sont concomitants : sous l’action des nombreux micro-organismes du sol, les matières organiques fraîches sont humifiées, et ceci en même temps que l’humus se minéralise, c’est-à-dire qu’il est dégradé (digéré, pourrait-on dire) pour donner des composés chimiques simples utilisables par les plantes. L’humus sert ainsi de garde-manger : il permet au sol de stocker les nutriments pour mieux les libérer de façon progressive et continue.
* Stabilité et fertilité du sol :
L’humus intervient aussi dans la structure du sol. Ainsi, les composés humiques, en se liant à l’argile, contribuent à améliorer la porosité du sol et sa capacité de rétention d’eau. Le sol est ainsi plus aéré, moins sujet au compactage, au lessivage et à l’érosion par les pluies et les arrosages, et il stocke mieux l’eau : autant de facteurs qui le rendent plus fertile, quelle que soit sa nature (un sol à tendance lourde sera allégé par l’humus, tandis que les terres légères retiendront mieux l’eau si on leur incorpore des matières organiques).
Comment rendre un sol plus humifère ?
Bon, alors en pratique, si le sol du jardin est pauvre en humus, comment y remédier ? Comment rendre un sol plus humifère ? Voici trois notions à garder en tête :
*D’abord, il faut éviter l’utilisation de pesticides, qui nuisent aux micro-organismes, aux vers de terre, et, d’une manière générale, à la vie du sol.
*Ensuite, il est utile d’apporter régulièrement au sol des matières organiques : paillages végétaux qui, en se décomposant, se transformeront en humus.
*Enfin, on évitera de travailler le sol trop en profondeur, pour ne pas perturber son équilibre (l’essentiel de la microfaune et l’humus se trouvent dans les couches supérieures : retourner le sol, c’est le désorganiser).